"Ricamo di Vetro", la broderie de verre de Murano
Rare lustre Art nouveau en verre de Murano, daté des années 1905–1910, composé d’une coupole centrale et de six bras de lumière en bronze doré finement ciselé.
L’ensemble est orné de centaines de fleurs et pétales en verre coloré, réalisées selon une technique artisanale singulière : chaque fleur a été façonnée et colorée unitairement, puis brodée au fil métallique sur une armature en fer, formant une composition florale tridimensionnelle.
Cette méthode, proche d’une broderie de verre, confère à la pièce une texture aérienne et vivante : la lumière, filtrée à travers les pétales translucides, crée un effet de vibration chromatique rappelant les vitraux de la Belle Époque.
Le lustre conjugue la rigueur de la structure métallique et la délicatesse du verre soufflé, témoignant de l’artisanat virtuose des ateliers muranais du tournant du siècle.
Dimensions :
- Hauteur : 78 cm
- Diamètre : 78 cm
Murano, savoir-faire historique
À Murano, le début du XXᵉ siècle marque un renouveau des arts décoratifs sous l’influence du mouvement Art nouveau — appelé Stile Liberty en Italie.
Les ateliers vénitiens cherchent alors à repousser les limites du verre soufflé en explorant des formes inspirées de la nature : fleurs, feuillages et volutes deviennent les motifs dominants.
Ce lustre s’inscrit dans cette recherche, mais s’en distingue par sa technique d’assemblage : plutôt qu’un simple soufflage ou sertissage, il relève du ricamo di vetro, ou « broderie de verre », où les verriers collaborent avec des artisans du fil métallique issus de la tradition des fiori di conteria (fleurs en perles de verre).
Ce savoir-faire hybride — entre parure, sculpture et luminaire — illustre l’esprit d’expérimentation de la Belle Époque.
Des pièces similaires étaient parfois exportées vers Paris pour être montées sur des bronzes français, destinés aux grands hôtels et paquebots, symboles du raffinement décoratif de l’époque.
Le saviez-vous ?
Le terme italien ricamo di vetro (« broderie de verre ») apparaît dans certains catalogues muranais du début du XXᵉ siècle pour désigner ce type d’ouvrage.
Chaque fleur en verre y était “cousue” à la main sur un treillis métallique, à la manière d’un bijou ou d’une parure de mode.
Cette technique, exigeant plusieurs semaines de travail, mêlait le geste du verrier à celui du brodeur.
Elle prolongeait une tradition plus ancienne, celle des fleurs en perles de verre réalisées à Murano depuis le XVIIIᵉ siècle — véritables “parures domestiques” destinées aux autels et aux vitrines.
L’œuvre témoigne ainsi d’un moment rare où l’art du verre, l’artisanat textile et la lumière se rejoignent pour composer un tableau floral suspendu.
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